Le pays de Porrentruy : aux mille facettes
Le Pays de Porrentruy, dans le canton du Jura, comprend l’Ajoie et le Clos du Doubs. Celui-ci, comme son nom l’indique, se pelotonne dans une boucle du Doubs, au sud du Mont-Terri et compte la ville médiévale de Saint-Ursanne, les villages de Montmelon, de Montenol, de Seleute et d’Ocourt.
L’Ajoie, elle, déborde de la Suisse naturelle et forme un saillant en losange aplati entre Alsace et Franche-Comté. La ville-centre en est Porrentruy, autrefois capitale de la Principauté épiscopale de Bâle, aujourd’hui chef-lieu intellectuel du canton.
L’Ajoie, c’est d’en haut qu’il faut la découvrir, de la chaîne du Mont-Terri ou du balcon de Roche-d’Or ! Par temps clair, on peut apprécier la douceur des vallonnements, l’harmonieux équilibre des forêts, des champs et des villages dans ce quadrilatère sans frontières naturelles, qui s’avance en territoire français. Du haut de la tour Refous, on découvre la région et, en particulier, la ville de Porrentruy qui reste la « capitale historique » du canton. En Ajoie, la nature, par chance, reste préservée.
Selon le poète Alexandre Voisard :
« L’Ajoie est comme une main qui s’ouvre sous la pluie d’un seul baiser égaré. Elle joue avec les sortilèges des vergers qui se penchent vers les lucarnes pour distiller l’ivresse des légendes. »
La région, qui s’étend sur 300 km2, repose sur des bas-plateaux calcaires. C’est une plaine verdoyante que l’on appelle communément le « verger du Jura », avec ses cerisiers et ses damassiniers. Mais c’est aussi une région vouée à l’horlogerie et à la mécanique. De plus, elle offre une belle grotte et un parc pré-historique à Réclère, un aérodrome à Courtedoux, des circuits en roulotte, des randonnées pédestres, équestres ou cyclotouristiques, des étangs aux beautés magiques. L’Ajoie, c’est également un art de vivre et un temps fort gastronomique.
La carte la plus précise, sillonnée de courbes de niveau, émaillée de points d’altitude, bardée de forêts ou veinée de cours d’eau, dévoile peu de chose de l’âme du Clos du Doubs. A une cinquantaine de minutes de Bâle, cette région, au cœur du canton du Jura, offre des villages attachants, une rivière, le Doubs, affluent de la Saône. Il baigne Saint-Ursanne, ville fortifiée médiévale bâtie autour de sa Collégiale millénaire. C’est également une réserve naturelle de 22 km2, qui n’exclut pas la pêche en rivière (la truite du Doubs est recherchée !), des parcours en canoë-kayak, des balades à pied ou à VTT. Et, pour les passionnés d’art et de culture, il y a des découvertes et des animations estivales, entre autres les Médiévales de Saint-Ursanne.
Le peuplement du Pays de Porrentruy remonte à une époque très ancienne. Récemment, les archéologues ont découvert près du village d’Alle un site avec des silex vieux de 60 000 ans et une voie romaine au tracé parfois proche de la Transjurane, l’autoroute A 16 d’aujourd’hui !
La géographie a orienté le destin du Pays de Porrentruy. Dans Cités et pays suisses, Gonzague de Reynold voit la Principauté de Bâle entourée jusqu’en 1798 par trois puissances hostiles et belliqueuses : les Cantons suisses, l’Empire et le Royaume de France. Les risques de violation de son territoire s’accroissent en période de conflit dans l’ouest de la Confédération, en Alsace, en Franche-Comté, à proximité du Rhin et de la ville de Bâle. « L’Ajoie a, plus que toute autre province, connu les angoisses qui étreignent les peuples à l’approche des ennemis, les terreurs des occupations et des conquêtes. »
On comprend que des châteaux barrent les axes et surveillent le passage (Porrentruy, Asuel, Milandre, Montvoie, Pleujouse), que des maisons fortes, habitats seigneuriaux et ruraux, servent à la fois de résidences et de lieux de refuges (Boncourt, Cœuve, Courtemaîche, Miécourt) et les travaux de fortification faits, entre 1938 et 1980, dans le secteur des Rangiers. Jusqu’à une époque récente, bien des villages d’Ajoie et du Clos du Doubs, ont été, au gré des circonstances, des « repaires » de contrebandiers ou des villages de couverture frontière en temps de guerre.
Aujourd’hui, les frontières s’estompent peu à peu en Europe. C’est une chance pour les habitants d’Ajoie et du Clos du Doubs de se trouver, non plus à un carrefour d’affrontements, mais dans une zone de convergence et de rencontre proche de la Bourgogne, de l’Alsace et des pays d’outre-Rhin. Le raccordement de la Transjurane au réseau autoroutier français, l’arrivée du TGV Rhin – Rhône, à proximité de la frontière, mettront des centres tels que Belfort, Mulhouse ou même Strasbourg aux portes de Porrentruy.
L’art de la table est une tradition en Ajoie. On y mange la friture de carpes, les charcuteries, les fromages ; on y boit les vins du Clos des Cantons (Buix), la damassine et autres distillées. Il y a surtout, au début novembre, la Saint-Martin, l’équivalent de la Bénichon fribourgeoise et des grandes agapes étrangères. Les récoltes sont rentrées, le paysan a calculé son bénéfice de l’année. C’est l’occasion de plantureux repas durant lesquels on déguste le cochon sous toutes ses formes avec, pour faire passer la succession des plats, un solide « coup du milieu » à base de distillées propre à l’Ajoie.
Les spécialités de la table dans le Pays de Porrentruy
- Friture de carpe
- La truite du Doubs
- Saucisses fumées d’Ajoie
- Jambon en croûte
- Menu de la St. Martin
- Gâteau à la crème
- Damassine